Les Graciées, de Kiran Millwood Hargrave

 

Dans une île perdue au bout du bout de la Norvège, les femmes de Vardo ont vu périr d’un coup, un soir de tempête, les 40 marins pêcheurs (et, par conséquent, mari, fils, frère, fiancé) qui assuraient leur subsistance.

Deux camps se forment : celles qui s’en remettent à Dieu (et à ceux qui prétendent l’incarner sur la terre ), et celles qui décident de survivre à tout prix, en partant pêcher.

Eh bien, sachez, si vous vous rangez spontanément aux côtés des secondes, que vous auriez été, au début du XVIIème siècle, condamnée comme sorcière et brûlée vive !

Exercer un métier d’homme, porter un pantalon, mettre toutes les « chances » de son côté en s’en remettant aux talismans samis (lapons), tout ça est bien suspect de velléités d’indépendance insupportables à la moitié du monde qui, depuis qu’il existe, n’a jamais cessé de vouloir opprimer l’autre !!!

Cette histoire basée sur des faits réels fait froid dans le dos, et pas seulement à cause de la rudesse des hivers ! Et ne croyez pas vous échapper en vous disant « c’est loin tout ça » (historiquement et géographiquement) ! Car, entre le XVème et le XVIIème siècle, au moins 50000 femmes ont été exécutées en France (Louis XIV interdira les bûchers en 1682 ; il aura fait au moins quelque chose de bien).

La lecture en est claire et passionnante, et on avance les pieds dans la boue avec compassion au fil de ce livre résolument féministe (des quatre personnages masculins, il n’y en a pas un « pour rattraper l’autre » !) dont la lumière et l’espoir viennent uniquement de l’entraide, de la loyauté, et de la solidarité de nos consœurs. De beaux exemples à méditer, et, surtout, à ne pas oublier… L’horreur n’est jamais bien loin (Afghanistan, entre autres… ).

Maritchu



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