Bretagne Secondaire, de Benjamin Keltz (illustré par Joëlle Bocel)

 

D’abord, la froideur des chiffres : 50 communes du littoral ont désormais plus de résidences secondaires que de résidents à l’année, ce qui signifie fermetures d’écoles et moins de médecins, d’autant que ceux-ci (eh oui, même les médecins ! ) ne parviennent plus à se loger ! Et des vérités qu’il faut bien entendre : la majorité des résidences secondaires appartiennent à des Bretons ( et non pas aux Parisiens, boucs émissaires si facilement désignés) qui font leurs choux gras de la location saisonnière.

Tout le talent de Benjamin Keltz consiste à nous faire ouvrir les yeux en écoutant les poètes plutôt que les agents immobiliers : Xavier Grall, Miossec, Morvan Lebesque, Georges Perros, Auguste Brizeux, Erik Orsenna ou le Lorientais Joseph Ponthus nous accompagnent dans cette enquête sur un phénomène connu depuis les années 1970, où l’on ne voyait dans la manne touristique qu’une providence sans fin.

Hélas, l’hiver littoral des maisons mortes aux volets clos nous est devenu un paysage familier ; peut-être même apprécié de certains pour sa « tranquillité », pauvres inconscients que nous sommes ! On oublie trop facilement que l’on marche alors, comme dans la baie du Mont St Michel, sur des sables mouvants, et que nous y risquons tous l’enlisement : à l’heure où il n’est plus à devoir redouter de trouver un travail, mais un logement, la lutte des places a remplacé la lutte des classes, et, sous le sable, la colère gronde.


Maritchu




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