Traverser les montagnes et venir naître ici, de Marie Pavlenko

 

Il faut chausser ses raquettes pour avancer à petits pas dans les neiges du Mercantour, comme pour ne pas s’enfoncer dans ce roman dégoulinant de thèmes surtraités : sororité, aide aux migrants, résilience face aux deuils, et en mettre de côté les invraisemblances, les deux personnages masculins taillés à la serpe ( un bon, un méchant ), et les circonstances bizarrement « fortuites »…

Et pourtant… la rencontre improbable de deux femmes brisées qui ont vécu l’indicible, et se croient seules avec leurs souvenirs insoutenables, ainsi que leur long chemin de reconstruction, frappe au coeur avec justesse, et en fait un roman sensible et tenu, dans lequel le pathos n’est pas asséné en surabondance, même aux toutes dernières lignes…

La « trouvaille » de Marie Pavlenko, c’est la poésie qui soutient le récit. Une citation en tête de chapitre, un extrait d’oeuvre, parfois dans le texte, d’auteurs divers : Agota Kristof, Louise Glück, Claude Roy, René Char, Andrée Chedid, et bien d’autres, qui donnent envie de courir au Grenier dévaliser le rayon concerné !

Maritchu